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Home / Blog / Découverte de sphalérite à Saint-Pons, Alpes françaises (2019)
25.05.2021
Découverte de sphalérite à Saint-Pons, Alpes françaises (2019)
Août 2019. Privés de deux de nos compagnons, Quentin et moi décidons de partir prospecter les « Terres Noires » dans la vallée de Barcelonnette, dans les Alpes du Sud. Cette formation bien nommée désigne une épaisse série de marnes noires portant plusieurs couches calcaires, vieilles d’environ 160 millions d’années. Sur les flancs de la vallée, l’érosion a transformé le paysage en un badland aux ravins profonds et abrupts, dont le fond est inondé par de puissants torrents boueux lorsque la pluie dévale les falaises de grès en amont. Ces ravins en vue, nous visons des bancs calcaires perchés, dans l’espoir d’y trouver les minéralisations caractéristiques de cette vallée alpine, caractérisées par une harmonieuse combinaison de silice, de sulfures et de carbonates.
Les trois premiers jours sont infructueux : nous repérons l’un de ces bancs ondulants, contraint de se tordre dans la marne par des forces tectoniques. Le travail, exclusivement manuel, est trop pénible. Les fissures dans la roche sont si étroites que les poches ne se forment jamais et, lorsque le soleil atteint son zénith, une chaleur insupportable nous assomme pendant une partie de l’après-midi, tandis que la poussière charriée par le vent nous colle aux yeux et aux narines. Il nous faut chercher l’ombre, directement sur la roche, dans les petits trous creusés.

Le troisième jour, dans l’après-midi, le désespoir commence. Trouverons-nous un jour un seul morceau sur cette saillie rocheuse balayée par le vent ? Quentin décide alors de partir prospecter un gisement prometteur mais difficile d’accès, presque au sommet du ravin. De mon côté, je décide de remonter le lit actuel et ingrat pour vérifier s’il ne recèle aucun indice de minéralisation avant de le quitter définitivement. Une dizaine de mètres plus loin, un petit éboulis attire mon regard : les éboulis et les glissements de terrain ne sont vraiment pas rares dans ces ravins soumis à une érosion intense, qui transforme le paysage presque chaque année. Pourtant, une dalle orange rouille m’attire. Je m’approche pour le ramasser. Finalement, il ne me semble pas si intéressant. Avant de le jeter dans le ravin voisin, je le retourne et j’écarquille les yeux : le dos est parsemé de sphalérites brun-noir brillantes, reposant sur de l’ankérite granuleuse orange. Ce sera l’un des spécimens les plus significatifs de la découverte à venir.

Je place prudemment le morceau en équilibre sur la pente rendue glissante par la poussière et remonte vers le ravin voisin pour appeler Quentin. Je le vois s’éloigner, descendant prudemment du lit supérieur, qui forme une fine barre dépassant des marnes. Elle semble juste assez épaisse pour supporter le poids d’un homme. Je lui fais signe. Crier est inutile, les cris sont emportés par le vent et absorbés par les parois marneuses. Nous finissons par nous rattraper en souriant. Il a également trouvé plusieurs fissures prometteuses, remplies de quartz délavé. Mais, cette fois, ce sont les sulfures de zinc, si rares dans la région, qui attirent notre attention. Ensemble, nous fouillons le petit éboulis, examinant frénétiquement chaque dalle, chaque éclat de calcaire noir : la chasse aux fissures minéralisées in situ commence. La fatigue et la frustration des jours précédents cèdent la place à l’avidité de la découverte.

Au-dessus de l’éboulis, une discontinuité de pente comblée par des coulées boueuses laisse apparaître les faces sales du lit. Nous l’observons attentivement, mais les cristaux sombres semblent nous tromper, calfeutrés derrière leur couche poussiéreuse. Nous ne voyons rien. Peut-être n’y a-t-il rien là, les blocs sont-ils tombés des lits supérieurs ? Soudain, un minuscule rhomboèdre de calcite blanche perce la marne accumulée dans une anfractuosité rocheuse. Et, quelques centimètres plus haut, une sphalérite rougeâtre engluée dans de la calcite massive apparaît. Nous y voilà !

Nous utilisons nos outils pour déplacer les blocs et atteindre les poches fraîches, derrière. Dans cette zone, elles sont bien différentes des poches alpines typiques : elles ne sont presque jamais « mûres », de sorte que les cristaux sont généralement encore fixés aux parois des blocs, qui peuvent atteindre deux mètres de long et peser plusieurs tonnes. Le tintement des ciseaux et des masses résonne maintenant autour de nous, tandis que nous séparons les morceaux de leur base rocheuse. Nous sommes tellement concentrés que nous ne remarquons pas la course du soleil déclinant, descendant vers sa cachette nocturne, quelque part au fond des sommets de l’Ubaye. La fraîcheur du soir nous rappelle d’emballer les morceaux que nous chargeons ensuite dans nos sacs à dos. Nous descendons enfin, essayant d’ajuster notre équilibre à ce nouveau fardeau : une seule chute pourrait endommager notre précieuse cargaison et gâcher notre effort de la journée. Titubants, mais satisfaits au fond du ravin, nous pensons déjà aux cristaux du lendemain…

Les jours suivants sont consacrés à l’extension du chantier jusqu’aux limites de la zone minéralisée, finalement assez étroite. Les poches sont étroites, mais riches en sphalérite, souvent coincée dans l’ankérite granuleuse. De la calcite blanche et de très fins quartz pâle se combinent aux cristaux métalliques, tandis qu’une peinture ocre d’oxydes colore la gangue calcaire. Parfois, de petites lamelles de gypse recouvrent les oxydes.

Le soir, nous nettoyons les morceaux, qui finissent par occuper tout l’espace disponible sur le balcon de notre hébergement. Environ 200 spécimens ont été extraits au cours de ces quatre jours de travaux, dont une douzaine sont, à notre avis, exceptionnels par leur qualité, leur architecture ou leur cristallographie. La couleur des sphalérites varie du brun-rougeâtre au vert-jaune, avec parfois même des cristaux zonés. Certains sont même de véritables « cléiophanes ».
Les photos ci-dessous illustrent la beauté naturelle de certains des plus beaux spécimens de cette découverte surprenante dans les Alpes du Sud.

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